Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/09/2005

L'Actualité donne du sens dans la durée : le président de la société Hermès passe la main...

Jean-Louis Dumas quitte la maison de luxe Hermès qu'il dirige depuis vingt-sept ans

Article paru dans LE MONDE | 16.09.05 | 13h46  •  Mis à jour le 16.09.05 | 13h46

L'âme inspiratrice d'Hermès depuis 1978 va quitter l'entreprise en janvier 2006. Agé de 67 ans, Jean-Louis Dumas, dont la mère était l'une des quatre filles d'Emile Hermès, petit-fils du fondateur, a annoncé lors de la réunion du conseil de gérance du mardi 13 septembre qu'il mettait fin à ses fonctions de gérant et de directeur artistique.

"Mon travail est de faire entrer dans la maison des talents pour tous nos métiers, des montres à la sellerie aux arts de la table..." , confiait-il récemment à l'Agence France Presse (AFP). M. Dumas possède avec son épouse 4,78 % du capital du groupe Hermès International (maroquinerie, ganterie, marque d'appareils photo Leica...). Environ 25 % du capital est en Bourse, le reste étant aux mains de la famille.

"POUR RAISONS PERSONNELLES"
Pour la première fois dans l'histoire d'Hermès, cette entreprise renommée pour ses carrés de soie, ses sacs et désormais son prêt-à-porter (confié à Jean-Paul Gaultier), le nouveau gérant ne sera pas issu de la famille : c'est Patrick Thomas (58 ans), aux commandes depuis un an au côté de M. Dumas, qui prendra seul la tête de la maison de luxe. M. Thomas avait quitté Hermès en 1997 pour entrer chez Lancaster puis chez Glenfiddich, avant d'y revenir en juillet 2003. La continuité historique et symbolique reposera sur les épaules de Pierre-Alexis Dumas, qui va succéder à son père à la direction artistique. Ce dernier travaillera avec Pascale Mussard, depuis vingt-cinq ans chez Hermès.
La décision que M. Dumas a annoncée "pour raisons personnelles" était préparée depuis de longs mois par la direction d'Hermès. Au printemps, des rumeurs sur la santé de plus en plus fragile de celui qui fut l'artisan de la métamorphose de la petite entreprise de maroquinerie en groupe de luxe international, avaient été démenties par l'état-major. On confiait alors, chez Hermès, que le groupe fonctionnait bien malgré les absences répétées de M. Dumas, et qu'une équipe se mettait progressivement aux commandes.
Patrick Thomas aura désormais les coudées franches pour opérer les choix stratégiques qui s'imposent. Certes, en dix ans, les ventes ont augmenté de 180 %, et la rentabilité de 144 % en cinq ans. Mais depuis deux ans, la maison cherche son souffle. Il lui faut résoudre les difficultés de sa filiale allemande Leica. Et affiner son modèle économique en raison de ventes en croissance de seulement 4,6 % (à 649 millions d'euros au premier semestre) et d'un tassement de la croissance en Europe (+ 3,3 %).
Hermès, qui reste rentable, doit se déterminer sur une question essentielle : doit-elle rester une entreprise de taille modeste, quitte à stabiliser son chiffre d'affaires, les capacités de production ne suffisant plus à satisfaire nombre de commandes asiatiques ? Ou, au contraire, se lancera-t-elle dans des acquisitions qui seraient seules capables d'accélérer son développement international ? Respectant la pensée de Jean-Louis Dumas - "ne fais rien de laid, quelqu'un pourrait l'acheter" -, M. Thomas s'est fait sa religion. Pas question, confiait-il récemment, de céder aux sirènes inflationnistes de la Bourse qui sans cesse poussent les entreprises à un développement plus rapide et souvent erratique.
Florence Amalou

Réaction Echos & Dialogues : J-L Dumas représente l'un des rares grands managers dont les choix économiques sont inséparables d'une éthique de la responsabilité à tous les niveaux de son entreprise. Un rapport, dans les années 1990/95 - sur la culture propre à l'encadrement de la maison Hermès - montrait à quel point la transmission du savoir-faire était étroitement liée à la conscience professionnelle de chacun des acteurs internes de cette maison. A l'instar de Louis Schweitzer chez Renault, nos capitaines d'industrie auraient besoin de s'inspirer du management protestant !

Les commentaires sont fermés.